L’air de cet été était poisseux. Pas un souffle de brise ne réussissait à se frayer un passage dans la moiteur de la ville qui affichait des pics de pollution jamais atteints. Mathilde restait enfermée chez elle pour ne pas avoir à affronter l’air brûlant, préférant ne sortir que la nuit tombée, quand un peu de fraîcheur se faisait sentir.

Un samedi après-midi de juillet, seule chez elle, après une troisième douche froide, elle se décida à rester nue. Elle serait beaucoup plus à l’aise sans vêtement qui colle à la peau. Allongée dans son canapé, le ventilateur bloqué dans sa direction, elle parcourait d’une attention discrète les pages d’un magazine féminin. Assez rapidement, elle en eut assez de ces sottises - toujours les mêmes - de régimes avant la plage, de pages mode aux pièces inabordables et d’histoires vécues rocambolesques. Dans un bâillement, elle referma le magazine et s’octroya une petite pause languide. Rien à faire, rien à penser, juste paresser.

Les yeux clos, le corps agréablement balayé par le vent des pales du ventilateur, Mathilde laissa divaguer son esprit. Elle s’imaginait sur une plage, un cocktail de fruits à la main, entourée d’hommes plus attirants les uns que les autres, dont le seul objectif était de lui faire plaisir. Ils secouaient près d’elle de grandes plumes d’autruche pour la rafraîchir. Parmi ces hommes, aux petits soins pour elle, elle en imagina un qui se détachait du lot : un certain Antonio, avec des muscles saillants, la peau couleur caramel et des dents parfaitement blanches et alignées.

Pour que le fantasme ait un début de réalité, elle posa ses mains sur son corps nu, et du bout des doigts, suivit le tracé de la plume imaginaire. D’abord, la ligne descendit le long de sa gorge, puis entre ses seins, jusqu’au nombril. La plume, apparemment empressée, se glissa entre les jambes de Mathilde, qu’elle écarta délicatement pour lui offrir une voie royale jusqu’à son sexe. Ses doigts ouvrirent ses lèvres, se dirigèrent directement vers son petit bouton rose, insistèrent consciencieusement là où le plaisir s’exprimait le plus fort. Bientôt, sa vulve fut trempée. Mathilde glissa un de ses longs doigts dans sa fente humide. Elle alla loin, imprima un mouvement lent et régulier. Bientôt, sentant l’orgasme poindre, elle accéléra le mouvement et pressa son clitoris. En quelques secondes, son corps se cambra sous une décharge de sensations.

Elle rouvrit les yeux. Plus d’éphèbe torse nu, ni plume. Elle se laissa aller aux réminiscences de son plaisir, puis se leva pour boire quelque chose de frais. Debout, elle se rendit compte que les fenêtres de son appartement étaient restées grandes ouvertes pendant sa séance d’auto-érotisme. En un bref mouvement de pudeur, elle courut se cacher dans sa cuisine, ayant aperçu un homme qui la regardait depuis la fenêtre d’en face. La fraîcheur du carrelage sous ses pieds décéléra les battements de son cœur.

Tout à fait calmée, Mathilde eut un grand sourire de satisfaction. L’homme, dont l’appartement avait une vue plongeante sur son salon, s’était probablement rincé l’œil. Elle but goulûment un grand verre d’eau, la tête penchée en arrière. Quelques gouttes tombèrent sur son menton et sa gorge, qu’elle essuya du revers de la main à la façon de ces gosses qui, leur jus d’orange à peine avalé, se dépêchent de retourner à leurs jeux.

Curieuse de savoir si l’homme était toujours posté à son observatoire, elle retourna dans le salon sans se revêtir, et en adoptant une démarche chaloupée qui signifiait que ça ne la dérangeait pas s’il la matait, qu’il pouvait regarder autant qu’il voulait. Après tout, elle aimait bien ça.

Effectivement, le voisin était toujours à sa fenêtre, adoptant la même attitude observatrice. Il devait avoir une cinquantaine d’années, ses cheveux encore fournis parsemés de mèches argentées. Son visage harmonieux, avec un long nez fin, des lèvres épaisses et un menton volontaire, évoquait un caractère fort. Flattée d'être le centre d'attention, Mathilde continua à vaquer à ses occupations. Elle essaya des talons hauts, puis se mit à quatre pattes, dos cambré, fesses pointées vers le plafond, prétendant chercher un objet sous le canapé. Elle imaginait le voisin la regardant avec désir.

Mais soudain, il disparut. Les jours suivants, elle espéra son retour, se montrant encore plus provocante, mais il ne revint pas. Frustrée, elle se masturbait chaque soir, espérant attirer son attention par télépathie, mais en vain. Après une semaine, elle commença à douter de la réalité de sa vision. Abandonnant ses habitudes sensuelles, elle reprit une vie normale, se masturbant seulement la nuit, sous les draps.

Un jour, en sortant de la cuisine, elle le vit de nouveau. L'homme était là, dans la même posture, un sourire en coin éclairant son visage grave. Mathilde abandonna son chiffon et se posta devant la fenêtre, les jambes écartées, les mains sur les hanches, défiant le voisin de la regarder autant qu’il le souhaitait.

  • ah, tu reviens, toi ? Tu en veux encore, c’est ça ? clama-t-elle à haute voix comme s’il pouvait l’entendre.

Elle hésita un instant, se demandant si elle n’obéissait pas trop facilement aux désirs de cet homme. Mais elle balaya rapidement cette pensée, reconnaissant qu’elle avait terriblement envie de jouer à ce jeu coquin. Des deux, c’était sans doute elle la plus excitée. Alors lentement, le regard fixé sur lui, elle commença à se déshabiller. En premier, elle jeta les gants en caoutchouc rose. Bien que leur potentiel érotique soit mince, elle les retira lentement, comme s’il s’agissait de gants de satin. Pour le reste, c’est-à-dire la robe d’été et la petite culotte, elle souhaitait les ôter lentement, pour que le désir monte en eux. Elle fit glisser les bretelles de sa tenue, dénudant ses épaules bronzées. Puis, en se dodelinant, elle fit tomber lentement la robe. Ses seins nus apparurent comme deux lunes au milieu du ciel. Leur blancheur contrastait avec le reste de son buste hâlé. Ils étaient d’une rondeur exceptionnelle. Un peintre cherchant une poitrine parfaite aurait considéré ces deux sphères comme un don du ciel. La robe glissa encore, dévoilant un ventre légèrement rebondi, des hanches généreuses et des cuisses fuselées. Le vêtement tomba doucement. Presque nue, elle le fixa avec un air de défi.

  • Je continue ? Tu veux que j’enlève ma culotte maintenant, n’est-ce pas ? Et si je la gardais ? Et si je te faisais languir jusqu’à ce que tu cries par cette fenêtre ouverte que tu veux voir ma chatte ?

Elle ferma les yeux pour savourer l’agitation de ses sens : son sang circulait rapidement, son cœur battait fort, et des picotements agitaient ses mains. Quand elle les rouvrit pour faire glisser sa culotte, l’homme avait disparu. Une violente déception l’envahit, et des larmes de rage coulèrent sur ses joues. Elle réussit tout juste à murmurer :

  • salaud !

Après cette déception, elle remarqua qu’il revenait à sa fenêtre tous les jours en début de soirée. à quoi jouait-il ? Elle voulait se venger, elle voulait qu’il revienne en suppliant de bien vouloir s’exhiber de nouveau rien que pour lui. Alors, plutôt que de s’offrir à lui, elle lui prépara une surprise pour le mettre au supplice.

Quelques jours plus tard, en fin d’après-midi, Mathilde se rendit dans un bar où traînaient divers hommes. Elle n’avait qu’un objectif : en ramener un chez elle.

Au fond du bar, Mathilde remarqua un homme d’une trentaine d’années buvant une pinte de bière. Il dénoua sa cravate et lui lançait des regards attirants. Elle lui sourit et le rejoignit sans attendre une invitation. Ils se présentèrent : lui, Stephen, responsable web. Après quelques banalités, elle posa une main sur sa cuisse et l’invita chez elle. Rapidement, elle releva sa jupe et lui demanda de la caresser. Excité, il obéit et ils commencèrent à se caresser. Mathilde vérifia que le voisin les observait, ce qui accentua son excitation. Ils s’abandonnèrent à la passion, Mathilde jouissant intensément. Après, elle demanda à Stephen de partir, puis se posta nue devant la fenêtre pour offrir un dernier spectacle à son voyeur, avant de tirer les rideaux.

Au fond du bar, Mathilde remarqua un homme d’une trentaine d’années buvant une pinte de bière. Il avait dénoué sa cravate et lui lançait des regards de désir. Elle lui sourit et le rejoignit sans attendre une invitation. Ils se présentèrent : lui, Stephen, responsable web. Après quelques banalités, elle posa une main sur sa cuisse et l’invita chez elle. Une fois chez elle, Mathilde commença à se déshabiller sensuellement devant Stephen. Elle releva sa jupe et lui demanda de la caresser. Stephen, d'abord hésitant, s'exécuta rapidement. Le sexe de Mathilde était déjà trempé, et sa main se fit plus audacieuse. Elle s'assit à califourchon sur lui et se frotta contre son sexe gonflé. Elle tourna la tête vers la fenêtre pour vérifier que son voisin les observait toujours, ce qui l'excita davantage.

Mathilde retira rapidement le pantalon et le caleçon de Stephen, haletant de désir. Elle lui tendit un préservatif qu'il enfila promptement, puis elle s'enfourcha délicieusement sur lui. Stephen, presque sans force devant tant de volupté, accompagna la cavalcade de Mathilde en lui tenant les hanches pour l'aider à se soulever de haut en bas sur son sexe. Devenant carrément entreprenant, il la fit virevolter et se plaça derrière elle. La tête enfouie dans le dossier du canapé, Mathilde lui offrit son cul large. Stephen admira la vue imprenable avant d'enfoncer son sexe en elle. Il lui tenait fermement les seins tout en se balançant avec vigueur. Savoir que le voisin les regardait décuplait le plaisir de Mathilde.

À l'approche de son orgasme, elle tourna la tête vers la fenêtre pour être sûre de regarder son voisin dans les yeux au moment de jouir. Elle voulait partager cette jouissance avec lui, pas seulement pour le rendre jaloux, mais aussi pour avoir le sentiment que c'était un peu avec lui qu'elle était en train de baiser. Stephen, quant à lui, n'était qu'un simple intermédiaire entre eux deux. Les derniers soubresauts de Stephen lui arrachèrent un grognement guttural. Elle jouit avec une intensité inouïe. Quelques instants après, Stephen se crispa, donna un dernier coup de reins, et éjacula en trois jets puissants dans le préservatif.

Les deux amants, essoufflés, se retrouvèrent côte à côte dans le canapé, leurs corps mollement alanguis. Une fois la douceur de l'orgasme évanouie, Mathilde bâilla ostensiblement et demanda à Stephen de partir, car elle avait besoin de dormir. Obéissant, Stephen se leva, se rhabilla et partit, sans même lui demander s'ils pourraient se revoir, ayant deviné la réponse négative de la jeune femme à son air détaché. Soulagée de se retrouver seule, Mathilde se posta nue devant la fenêtre. Le curieux se tenait à la même place, telle une statue de marbre. Elle lui envoya un baiser et tira les rideaux.

  • C’est moi qui décide quand tu peux me regarder, c’est clair ? lui lança-t-elle avec une pointe d’arrogance, encore piquée par l'humiliation de leur dernier échange.

Elle prit l’habitude de ramener des hommes chez elle, offrant le spectacle de ses ébats à son voisin, qui ne manquait plus une seule de ces représentations. Cela lui procurait un plaisir intense.

Vers la fin de l’été, alors que l'air se rafraîchissait et que les premières feuilles mortes tourbillonnaient, Mathilde le croisa en bas de leurs immeubles. Lorsqu’elle le reconnut, son cœur fit un bond. Elle hésitait sur l’attitude à adopter – conserver son air de femme fatale ou opter pour une politesse de voisinage – quand elle remarqua l’objet qu'il tenait : une canne blanche. Des milliers de pensées traversèrent son esprit alors qu'elle le fixait, ébahie par cette révélation.

Se ressaisissant, elle s’approcha de lui pour lui proposer son aide.

  • C’est gentil de votre part, mademoiselle. Nous connaissons-nous ? Êtes-vous locataire de l’immeuble ? lui demanda-t-il en désignant son bâtiment avec sa canne.
  • Non, j’habite dans le bâtiment en face. Nos appartements se font face, je vous ai déjà aperçu par la fenêtre, mais je ne savais pas…

Mathilde s'interrompit, laissant sa phrase en suspens.

  • … Que je ne voyais rien ! dit-il en éclatant de rire. Maintenant que c’est clair, vous pouvez vous promener nue chez vous sans craindre d'être surprise, ajouta-t-il en riant.

Mathilde lui sourit, soulagée et amusée.

  • Ça vous dirait que je vous accompagne pour faire vos courses ? Comme ça, nous pourrons faire connaissance. J’aime bien connaître mes voisins, ajouta-t-elle en prenant son bras sous le sien.

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