
Un bruit d’avion me réveille en sursaut. Mon T-shirt de nuit colle à ma peau. J’ai les narines sèches, ce qui m'empêche de bien dormir. Je sors du lit et vais aux toilettes, encore à moitié endormi, avec une érection matinale. Je ne vais quand même pas me soulager de bon matin, ça me laisse abruti pour la journée. Il faudrait trouver des filles...
Je cligne des yeux dans le séjour. Le rideau du balcon est relevé. Au dixième étage des cités, rien n’arrête les rayons du soleil. De la porte-fenêtre, on voit Paris enveloppé de gaz, moitié blancs, moitié transparents. À gauche, Montmartre surnage encore, mais la tour Montparnasse est déjà à moitié engloutie. À midi, tout sera noyé. Les gens de Paris vivent dans une cuvette sale, ils nous regardent de haut, mais ils n'ont jamais fait l'effort de venir jusqu'ici.
L’appartement est vide. Ma mère est partie tôt pour son travail de caissière. Elle m’a laissé trois billets de vingt euros pour la semaine, coincés entre le napperon posé sur la télé et un galet d’Étretat. Depuis deux jours, je fume des mégots ramassés dans les allées de la cité. Je vais foncer au tabac de la gare.
Je me fais un bol de nescafé, poudre noire avec eau chaude du robinet, sans sucre. Je bois mon café debout devant la télé allumée de la veille. À cette heure, il n’y a rien à part des ventes de casseroles. Avant de me laver, je me regarde dans le miroir. Avec mes poches sous les yeux, j'ai l’air de dix ans de plus. Je ne suis pas grand, mais large, avec des mâchoires fortes, des épaules larges et des mains robustes. J’ai les cheveux bas et une barbe dure. Je devrais me raser deux fois par jour pour paraître correct, mais à quoi bon ?
J’enfile un jean, un pull, un blouson et des bottines. Tout vient des marchés en plein air de la banlieue nord. Je fais négligé parce que je ne supporte pas ce qui serre. Je mets une ceinture par nécessité. Les filles me voient venir de loin. Je vais à Paris, voir si...
L’ascenseur met une éternité à arriver. La cage est pleine de mégots. J’en repère un long, mais je n’aime pas les mentholées. Avec de l'argent en poche, je ne vais pas fumer ça. Ma mère dit qu'on n'est pas des fauchés comme les autres, mais ça ne change rien.
Dans le couloir des boîtes aux lettres, je jette un œil à la nôtre. « Azzopardi Annonciade » et en dessous, « Azzopardi Ange ». Je n’aime pas mon nom et prénom. Je ne sais jamais si mon père est maltais et ma mère sicilienne ou l'inverse. Jamais allé là-bas, manque de fric.
Dehors, début mars, le soleil ne chauffe rien. Je ferme mon blouson. Je marche vite, regrettant le mégot de l’ascenseur. Le tabac est à un quart d’heure. Je prends du Drum corsé, du papier OCB, et je roule une cigarette. La première bouffée me donne un flash. À la gare, je prends un billet pour Saint-Lazare sans le composter. S’il y a un contrôleur, je dirai que je n’ai pas eu le temps. De toute façon, la machine marche une fois sur deux : les scolaires s’en servent comme punching-ball.
Le bruit d’un avion me réveille en sursaut. Mon T-shirt de nuit colle à ma peau et mes narines sont sèches. Je sors du lit et vais aux toilettes, encore à moitié endormi avec une érection matinale. Pas question de me soulager maintenant, ça me laisse abruti pour la journée.
Je me dirige vers le salon. Le rideau du balcon est relevé. Du dixième étage, rien n’arrête les rayons du soleil. On voit Paris, enveloppé de gaz, des bâtiments de Montmartre à la tour Montparnasse, noyés dans cette brume. Ma mère est déjà partie travailler, elle m'a laissé de l'argent pour la semaine, coincé sous le napperon de la télé.
Je me fais un bol de nescafé, noir et sans sucre. Je bois devant la télé restée allumée. À cette heure, il n’y a rien à part des ventes de casseroles. En me regardant dans le miroir, je remarque que j’ai l’air de dix ans de plus. Je ne suis pas grand mais large avec des mâchoires fortes et une barbe dure. Je devrais me raser deux fois par jour, mais à quoi bon ?
Je m’habille avec des vêtements des marchés en plein air de la banlieue nord. Je n’aime pas ce qui serre. Je mets une ceinture, bien obligé. Les filles me voient venir de loin. Je vais à Paris, voir si...
L’ascenseur met une éternité à arriver. La cage est pleine de mégots. J’en repère un, mais je n’aime pas les mentholées. Avec de l'argent en poche, je ne vais pas fumer ça. Ma mère dit qu'on n'est pas des fauchés comme les autres, mais ça ne change rien.
Dans le couloir des boîtes aux lettres, je vois la nôtre : « Azzopardi Annonciade » et « Azzopardi Ange ». Je n’aime pas mon nom et prénom. Je ne sais jamais si mon père est maltais et ma mère sicilienne ou l'inverse. Jamais allé là-bas, manque de fric.
Dehors, début mars, le soleil ne chauffe rien. Je ferme mon blouson. Je marche vite, regrettant le mégot de l’ascenseur. Le tabac est à un quart d’heure. Je prends du Drum corsé, du papier OCB, et je roule une cigarette. La première bouffée me donne un flash. À la gare, je prends un billet pour Saint-Lazare sans le composter. S’il y a un contrôleur, je dirai que je n’ai pas eu le temps. La machine marche une fois sur deux : les scolaires s’en servent comme punching-ball.
À Saint-Lazare, je roule une cigarette sur le quai. Je prends le métro, dépense un ticket. Je vais au quartier latin, où il y a les filles les plus intéressantes. Les intellos ont l’air libre, pas comme les nanas de banlieue. Celles-là passent leurs journées à se saper et à se montrer, sans rien connaître. Les filles des facs, c’est différent. Elles ne cherchent même pas à s’arranger. Plus elles sont intellos, plus elles rasent les murs. Elles sont tout en dedans. Je leur parle pas. Je bégaie devant les filles, même les plus boudins.
Pour l’instant, je préfère les espionner dans les toilettes pleines de trous. Là, il se passe quelque chose. Elles montrent tout sans se rendre compte. C’est mieux que les magazines et les films – gratuit en plus. Ça peut durer toute la journée.
Les filles qui me plaisent le plus sont blondes, avec trop de seins et de fesses, l’air coincé, parfois une croix de communion en or. Elles ont l’air d’attendre quelque chose. Les nanas super-canons ne m’attirent pas. Elles me font de l’effet dans les magazines, mais en vrai, on a envie de se tirer. Elles mouillent devant leur reflet. En rêve, c’est à elles que je m’en prends. Mais en réalité, je les regarde même pas.
Je sors du métro à Jussieu. Les tours en verre noir donnent froid, elles sont prétentieuses. Là-dedans, les toilettes ne sont pas pratiques pour moi : béton et compagnie.
Je continue vers Censier, à dix minutes. Les étudiantes en lettres sont plus ouvertes d'esprit. Je passe rapidement entre le jardin des Plantes et la grande Mosquée, fumant une cigarette après l'autre. Chaque fois que je vais voir les filles, mon ventre gargouille.
Je rentre dans la fac en jouant au mec pressé, sans regarder autour de moi. J'ai toujours peur qu'on m'arrête pour me demander une carte d'étudiant. Les filles sont partout, secouant leurs cheveux et gloussant. Les parfums, les shampoings, la sueur sous les bras se mélangent, ça m'abrutit. Je pourrais tendre la main pour toucher une fille en passant, mais je n'ose pas.
Au troisième étage, là où se trouvent les toilettes de psycho, les trous dans les cloisons sont bien placés. Ce n'est pas moi qui les ai faits, mais j'en profite. Pourvu que ma place soit libre ! Les bagarres entre voyeurs pour les meilleurs trous sont fréquentes. Ceux avec des couteaux suisses sont prêts à les utiliser. Les filles ignorent tous les trafics autour de ce qu'elles montrent.
Les étudiantes ne sont pas toutes innocentes. Certaines se font plaisir en s'essuyant. Je fais comme elles, à toute vitesse, lâchant tout quand la fille pousse son cri de souris.
Aujourd'hui, j'ai de la chance : je suis le premier. Les voyeurs les plus accros doivent venir de banlieues encore plus éloignées que la mienne. Je bloque au verrou les trois quarts des portes pour obliger les filles à se rabattre de mon côté.
Je m'enferme dans la meilleure cabine. Par une fente, je peux surveiller le couloir et voir arriver celles qui ont envie. J'aime savoir d'avance sur qui je vais tomber. L'apparence compte autant que ce qu'elles montrent. Dans les rues, on voit leur culotte – ici, on a tout, l'image et le son.
Les plages nudistes ne fonctionnent pas : pas d'intimité. Les peep-shows de Saint-Denis sont pleins de filles de banlieue qui rigolent avec le gérant. Moi, ça me casse tout. Les étudiantes, elles, assurent. Elles lèvent le rideau, lancent le film...
Avec mon fric, je ne peux pas me payer des putes. De toute façon, elles viennent aussi de banlieue, parfois même de Marseille. J'ai l'impression de coucher avec ma voisine de palier ou ma gardienne d'immeuble. La passe avec une pute est trop rapide. Pas le temps de rien. La femme, qui n'a enlevé que le bas, te pompe avec son trou plein de crème. Tu lâches tout, t'arraches la capote et te laves au lavabo. Elle, déjà à cheval sur son bidet, te sourit comme une charcutière.
Enfermé dans ma cabine, je ne suis pas tranquille. Je défais ma braguette et jette un œil vers le couloir à chaque coup de talon aiguille. Des bandes de filles passent sans s'arrêter. J'attends patiemment comme une araignée au bord de sa toile, me rappelant les documentaires où ça se dévore et s'accouple.
Soudain, une blonde entre précipitamment dans le box à ma gauche. Je suis déjà à quatre pattes, l'œil au trou. Elle ne s'assoit pas sur la cuvette, préférant rester en suspension pour éviter les microbes, offrant une meilleure vue. Son cul cambré apparaît comme un ballon de plage blanc et bombé.
Le jet d'urine siffle fort, s'écoulant en hélice sous le néon. Elle termine rapidement, donnant des coups de bassin pour faire tomber les gouttes. C'est le meilleur moment quand elle s'essuie. Elle fouille dans son sac pour un kleenex, révélant son visage rouge et inquiet à travers les lunettes sans monture.
Elle s'essuie face à moi, offrant une vue parfaite de son triangle blond. Elle y prend du plaisir, allant et venant de plus en plus vite. Un cri échappe, puis elle jette la boulette de papier et se rhabille rapidement, mettant sa culotte à l'envers. Par la fente du slip, je lis son nom : "Annette Alavoine".
Je me rhabille vite et la suis discrètement. Elle sort de la fac, marchant le long de la grille. Je la repère facilement avec sa queue-de-cheval. Elle tourne dans une ruelle, et je garde mes distances pour ne pas l'effrayer.
Elle s'arrête au numéro 8 et tape un code. Je la vois entrer par la petite grille de la porte cochère, montant l'escalier. J'hésite mais ne la suis pas. Je reviendrai.