
Il y avait entre nous une gêne que rien ne parvenait à dissiper. Lorsque je l’interrogeais sur ses fantasmes, il répondait gentiment que seul notre amour comptait. Il affirmait que la sexualité était le prolongement de cet amour et que mon visage lors de l’orgasme, mes yeux éperdus et mes cris de plaisir suffisaient à satisfaire ses désirs.
Je le trouvais évasif. Comment un homme normalement constitué pouvait-il répondre ainsi à une question qui aurait pu susciter des scénarios de trio avec deux blondes ou de baise sur le capot d’une voiture devant une caméra de surveillance ? Sa réserve me perturbait, surtout dans nos actes sexuels : il refusait d’éjaculer dans ma bouche, n’acceptait le sexe hors de chez nous que dans une chambre d’hôtel, et s’effarait à l’idée de me montrer comment il se masturbait. « Pourquoi ? L’acte d’amour est un partage, pas un acte solitaire », répétait-il. Je l’aimais, mais notre sexe devenait aussi excitant qu’une partie de Monopoly.
Pouvais-je laisser le temps passer, voir mon corps se faner et taire mes pulsions ? J’avais vingt-huit ans. Après dix ans à collectionner les hommes, j’avais rencontré Olivier. Le coup de foudre, comme on dit : vie bouleversée, besoin de l’autre, futur impossible sans lui. La magie perdurait six mois plus tard. Après cette décennie de relations multiples, j’aspirais à une vie rangée. Mais une vie rangée avec une sexualité vive et excitante. J’étais jeune et désirable, je ne voulais pas vieillir prématurément.
J’avais longtemps réfléchi avant de passer à l’action, espérant qu’il réagirait de lui-même, réalisant que notre sexualité pantouflarde ne pouvait me combler. Je lui avais parlé de mes anciennes expériences pour titiller sa libido. Mais trop d’attente sans changement, cela ne pouvait plus durer.
Ce soir-là, il rentra tard.
- Ce sera frites-pizza-salade ! lui annonçai-je.
Il sourit pour les trois feuilles de salade censées équilibrer le repas. Nous dînâmes joyeusement. C’était vendredi, et nous avions deux jours pour réaliser mes plans. Un jeu de cartes banal pour commencer, mais avec un enjeu : l’exécution d’un gage, première étape de mon fantasme. Car j’en avais un qui me hantait et que je voulais qu’Olivier accomplisse : qu’il s’exhibe. Je voulais le mater en même temps que d’autres. Il devait se déshabiller lentement, sensuellement, montrer son corps, empoigner son sexe bandé et se masturber face à une caméra. Qu’il gicle sur l’écran et y lèche son sperme ! Ce dernier point serait difficile, mais je ne désespérais pas du reste.
Quelques heures plus tôt, je l’avais inscrit sur le site jassumeunmax.com, entendu dans une émission de radio. Quelques euros pour l’inscription valaient bien la peine. Sur la page d’accueil, une nana montrait ses seins pour attirer le chaland. Mais une fois inscrit, Max-lexhibe, pseudonyme que j’avais choisi, se retrouvait sur une chat-room 100 % masculine. Problème : ce n’était pas un site gay, et les autres mecs ne voudraient jamais pointer leur caméra sur le torse velu d’Olivier. Sauf si je trouvais un bi, ou si des femmes se décidaient à venir.
Pour plus de sécurité, j'ai créé deux autres comptes : l'un en tant que couple sous le nom de Max-et-Cynthia, l'autre en tant que femme seule, où je m'appelai alors Cynthia-la-bombe. Premier essai en tant que femme, concluant : à peine entrée sur la chat-room, trente caméras me fixèrent. J'ai envoyé un baiser façon lèvres pulpeuses ; des smileys cœurs et fleurs ont couvert l’écran. On m'a demandé ce que je portais sous mes vêtements, mais je n’ai dévoilé qu’une bretelle noire de mon soutien-gorge. Je n’étais pas là pour m’exhiber moi-même.
Je consultai rapidement les fiches pour trouver un bisexuel à qui donner rendez-vous le soir même. C’était mon jour de chance : Pat69-21cm était présent. Je le pris en privé. Pat me demanda d’emblée si j’étais partante pour un plan cul : il était prêt à faire les trois cents kilomètres qui nous séparaient. Je calmai ses ardeurs en lui expliquant que je voulais un plan cam entre mon homme et lui. Hors de question que je participe à l’exhibition. Ce que je voulais, c’était les mater tous les deux pendant qu’ils s’astiqueraient en miroir. Je le lui dis d’une voix intelligible, en articulant chaque syllabe, et je vis à son regard qui se voilait que l’idée de s’exhiber lui-même devant une femme, face à un autre homme, l’excitait. Il ne pipa mot, ne chercha pas à discuter ma proposition. Il aimait sans doute qu’on lui donne des ordres. Je n’allais pas me gêner !
- Montre-moi ta queue, lui ordonnai-je. Elle fait vraiment vingt et un centimètres ?
Il ne sortit pas le double décimètre pour prouver ses mensurations, mais sa verge était effectivement longue. Un peu trop fine à mon goût peut-être. Avec des bourses imberbes. Il devait soigneusement s’épiler.
- Tourne-toi lentement, je veux t’admirer de profil et de dos.
Il fit un tour sur lui-même. Un beau cul d’homme, pas trop plat. Je détestais les culs plats. Un joli sillon, cette fossette sous les fesses que j’aime longer de mes doigts avant de remonter sur le sillon central, plus profond, et de tester l’élasticité de l’anus en y pressant un doigt. De profil, c’était divin : joli cul, bite levée. Un beau spécimen que j’avais là !
- Dégage le prépuce, je te veux décalotté.
Le gland était rose pâle, comme un jeu de petite fille, comme un chamallow tendre. Je le lui dis. La comparaison donna plus de vigueur encore à sa Barbie au crâne chauve. Sûr qu’il pensait à mes lèvres qui lui suçotaient la tête.
- C’est bien, tu peux remballer le jouet. Sois là à 22 heures précises. Son pseudonyme est Max-lexhibe. Nous avons chacun un portable avec webcam. Tu nous prendras en privé, lui et moi.
Il me fallait gagner la partie de cartes, mais je comptais tricher pour y parvenir. Il fallait qu’Olivier acceptât l’idée d’un gage coquin, hard, et pour cela, je devais le chauffer. J’avais enfilé avant son arrivée une guêpière seins nus que j’imaginais lui dévoiler au dessert. Un sorbet qu’il viendrait lécher sur mes tétons.
Tout se passa comme prévu. Sa langue avait fait le tour de mes mamelons glacés. Il avait perdu aux cartes, et attendait en souriant son gage. J’allumai nos ordinateurs, nous connectai au site. Il me regarda d’un air interrogateur, mais je ne dis mot. La page d’accueil montrait à nouveau la femme aux seins nus. Je passai vite à la page suivante, car je n’aimais pas qu’Olivier puisse comparer la poitrine grand format de cette femme avec la mienne, encore dénudée. D’ailleurs, je préférai me couvrir pour que l’autre, sur son écran, ne se rinçât pas l’œil.
Il était bien là, à nous attendre : Pat le voyeur et ses 21 centimètres d’érection. J’expliquai alors à mon homme son gage : se déshabiller face à la webcam, se caresser devant cet homme et moi, jusqu’à éjaculation. Olivier eut un mouvement de recul, une seconde d’hésitation. Je devinais son appréhension. Le gage était osé, plus que tout ce qu’il avait pu faire avec moi jusqu’alors. Pourtant, un curieux sourire s’afficha sur son visage.
- D’accord, annonça-t-il.
Je l’avais mis devant le fait accompli, face à Pat devant lequel il ne pouvait reculer sans passer pour un faible. Il devait montrer qu’il avait du cran et qu’il ne craignait pas cette expérience… Mais son acceptation rapide me surprit, et ce sourire qui ne le quittait pas ! Comme s’il prenait goût à l’idée de l’exhibition.
Assise devant mon portable, je vis Pat déboutonner sa chemise. Il n’en fallut pas davantage à Olivier pour qu’il fasse de même, passant les mains sous son tee-shirt d’un geste sensuel. Ce n’était pas seulement pour ôter son vêtement : il caressait son torse sous le tee-shirt, et, ce faisant, commençait à bander. Tout comme Pat, émoustillé par la prestation de mon homme. Ces deux-là se mangeaient des yeux. Se pouvait-il qu’ils soient attirés l’un par l’autre ? J’avais l’impression de disparaître de leur champ de vision, de m’être dématérialisée. Ils n’étaient plus que tous les deux, face à face. Je devins simple spectatrice de leur show.
Olivier se prêta véritablement à un show : il se leva, se dandina, offrit un strip-tease avec des mouvements lascifs ; ses mains sur la braguette retardaient le moment de laisser couler son jean délavé, puis son boxer noir. Quand, après s’être baissé, il reparut face à la caméra, nu, son sexe relevait fièrement la tête.
Les deux queues dressées l’une en face de l’autre paraissaient se jauger. Celle de Pat était plus longue ; mais celle d’Olivier, que j’avais souvent tenue entre mes mains, me semblait, par sa relative petitesse, plus émouvante. Je me retins d’approcher. Je devais le laisser faire et profiter du spectacle, car je découvrais une facette de sa personnalité dont j’ignorais tout et qui me fascinait.
Qu’Olivier se comportât de même avec une femme, j’aurais fait une scène de jalousie. Mais devant un homme ! J’en fus au contraire prodigieusement excitée. Je les regardai polir leur queue avec des envies de m’en coincer une dans la chatte. Voire d’en prendre une en bouche tandis que l’autre me labourerait le vagin.
Lorsque leur sperme se répandit sur leur écran, Pat fit un petit signe de la main et conclut d’un « à bientôt ? » interrogatif. Olivier n’avait-il pas répondu par un clin d’œil ?
Ainsi, le fantasme de mon compagnon n’était pas un trio avec deux blondes aux gros seins, non. Mais plutôt le sexe avec un homme : s’exhiber devant un homme, et même, peut-être, se faire enfiler par un homme ?
Sous mon regard ?
Oui. Savoir que j'appréciais la scène lui importait ; il me savait présente et cela rendait la situation encore plus excitante pour lui. La nouveauté l’avait poussé à se concentrer sur l’autre homme, sur son corps, sur sa queue longue et bandante.
Je fus prise d’une furieuse envie de le voir tendre son cul pour y loger une pine. Je lui dis qu’il devait s’attendre à une telle chose prochainement. S'il avait découvert qu'il aimait voir un homme et être lui-même vu, j'avais réalisé que je souhaitais mener les opérations. Établir avec qui, où, quand et comment il s’exhiberait avant de se faire baiser par un mâle m’excitait. Je repensai à mon premier passage sur le site, alors que j’avais commandé à Pat de montrer son sexe et son cul. Prendre un ton autoritaire, donner un ordre, c'est ce qui me faisait mouiller. Commander à mon homme de se laisser prendre, voilà ce qui me ferait mentalement jouir. L’entente entre nous deux était scellée.
Après une rapide recherche sur Internet, j’écrivis une annonce sur un site de rencontres entre hommes : « Femme amoureuse exhibe son homme. Elle : voyeuse uniquement. Lui : 30 ans, tendre et docile. Vous : homme d’âge indifférent, actif, sachant apprécier la chair douce d’un puceau. Écrire à [email protected] »
Il me fallut une semaine pour trouver un parti valable pour mon homme. Je ne voulais pas le laisser dans les bras d’un bourrin. Plus tard, viendraient peut-être les étreintes rageuses dans un backroom. Pour le moment, j’avais envie de goûter à la sensualité de l’amour masculin, voir Olivier et son partenaire se sucer délicieusement avant que mon chéri ne se plaçât à quatre pattes.
Toute la semaine, Olivier me regarda fiévreusement, désira mon corps soudainement, et j'en profitai voluptueusement. Le vendredi, je lui annonçai enfin un rendez-vous avec Daniel pour le lendemain. Âge en rapport, verge de proportion correcte, élégant sur les photographies, Daniel avait parfaitement compris qu’il s’agissait d’une première fois pour Olivier. Il ne le brusquerait pas. Ou juste ce qu’il fallait. Et il acceptait ma présence.
Daniel fut ponctuel, sa poignée de main chaleureuse. Nous décidâmes de ne pas différer ce pour quoi nous étions tous les trois venus et entrâmes dans un hôtel. Le réceptionniste, croyant sans doute que j’allais me faire les deux hommes, me suivit des yeux. L’idée me fit sourire.
Dans la chambre, je m’installai sur un fauteuil crapaud, pris une profonde inspiration et commandai :
- Montre à Daniel ce que tu sais faire, montre-lui comment tu te désapes lorsque tu veux exciter un mec !
Olivier commença alors un strip-tease comme il l’avait fait quelques jours plus tôt. En réalité, mieux encore. La petite pute s’était exercée ! Je le lui dis. En insistant sur les mots. Petite pute. Cela lui allait bien.
- On dirait une chienne en chaleur ! Tu ne peux pas cacher que la situation te fait bander, tu veux t’offrir à un mâle en rut. Pour un peu, tu supplierais qu’on t’encule illico. Même à sec, tu en voudrais.
Je ne savais comment je trouvais ces paroles, mais celles-ci jaillirent de moi sans effort.
- Va le lécher, je veux te voir gober sa verge. Pense à bien saliver, car ce sera ainsi que tu prépareras sa queue pour ton cul.
Et mon homme donna de petits coups de langue puis ouvrit grand la bouche pour accueillir le sexe de Daniel.
La scène m’euphorisait, je caressai mes seins par-dessus mon corsage, et dirigeai ensuite ma main sous mon slip. Tandis qu’Olivier et Daniel se retrouvaient sur le lit, se suçant mutuellement, comme j’en avais rêvé, mes doigts s’enfoncèrent dans l’humide ouverture de ma chatte. Je gémissais sur mon fauteuil. Je les imaginais tous deux à mon service après avoir baisé ensemble, ou alors l’un enculant
l’autre qui m’enconnerait à son tour…
Le coup de grâce me fut donné lorsque ma jolie petite pute prit la pose et que Daniel, lui écartant les fesses, cracha sur l’anus si serré avant d’appuyer son gland et de forcer l’entrée d’un mouvement lent. La verge dure de Daniel semblait caresser le cul de mon tendre amour. Je jouis de les voir ainsi, de comprendre qu’Olivier prenait du plaisir dans cette sodomie, autant que de la course de mes doigts qui s’affairaient de plus en plus vite dans mon con.
Une demi-heure plus tard, nous quittâmes les lieux.
- Il est bon, ton homme, conclut Daniel.
Je le remerciai pour le compliment sur ma petite pute qui frétillait à côté de moi d’entendre parler d’elle de la sorte.
- Alors, on recommence quand ? me demanda-t-il ensuite, espiègle.
Une chose était sûre, Olivier n’avait pas fini de jouer ce rôle. Sa fiche tournait désormais sur deux sites de rencontre. J’avais ajouté à son profil qu’il aimait se travestir… Beaucoup de plaisir serait à venir.