
Un petit homme gris, aux jambes courtes et aux oreilles poilues, inclinant toujours sa tête ronde, arpentait une allée du Luxembourg en direction de la sortie. Il venait de quitter ses partenaires de jeu après une partie d'échecs, une de ses passions. Fernand, tel était son prénom, menait une vie de solitaire et myope, avec une autre passion qui occupait ses loisirs : suivre des couples. Accordeur de pianos de profession, il aimait, après ses interventions chez des clients, arpenter les rues à la recherche de couples intéressants à observer.
Ce soir-là, Fernand avait déjà beaucoup marché, laissant de côté plusieurs pistes prometteuses. Descendant de l’autobus 89 devant la mosquée, rue Geoffroy-Saint-Hilaire où il résidait, il aperçut un jeune couple séduisant, main dans la main. La fille, portant un voile musulman, une tunique de soie rose et une jupe noire, attira immédiatement son attention. Son cœur se mit à battre plus fort. Il les suivit jusqu'au salon de thé de la mosquée, où il s'installa discrètement pour boire un thé à la menthe comme eux.
Malgré leur maintien irréprochable, il était clair qu'ils étaient amoureux. Les voix du couple résonnaient, presque douloureusement, aux oreilles de Fernand. Après avoir terminé son thé, il paya et sortit pour les attendre dehors. Personne ne pourrait deviner les pensées de cet homme modeste et courtois, apparemment distrait. Il observait avec une attention particulière, concentré sur ses passions.
Les jeunes gens quittèrent le salon de thé et se dirigèrent vers le métro. Fernand, avec son expérience, savait comment passer inaperçu. Il suivit le couple jusqu'à la gare de l'Est, où ils descendirent et se dirigèrent vers un square. Là, ils s'arrêtèrent près d'un arbre pour échanger un long baiser. Le garçon caressa les hanches et les fesses de la fille, qui frémissait de plaisir.
Le ciel s'assombrissait, et le gardien du square allait bientôt fermer les lieux. Les jeunes gens décidèrent alors d'aller chez le garçon, qui habitait juste en face, au rez-de-chaussée. Fernand les suivit, mais perdit un peu de terrain en raison de ses jambes courtes. Il crut les avoir perdus, mais aperçut une fenêtre s'éclairer dans une petite rue. Il s'approcha prudemment et entendit des voix chuchotées.
La fenêtre, protégée par des barreaux, était ouverte. Fernand s'accroupit sous la fenêtre, agrippant le rebord. À l'intérieur, les voix chuchotantes du couple confirmaient qu'ils ne se doutaient pas de sa présence. Le garçon retira le voile de la fille et la plaça devant un grand miroir. Elle leva les bras, et il retira sa tunique rose, accompagnée du tintement de bracelets. Le bruit d'un soutien-gorge dégraffé suivit, puis celui d'une fermeture Éclair. La jupe tomba, et la culotte glissa le long de ses cuisses.
Fernand, en extase, imaginait saisir la chair ferme et chaude des fesses de la fille. Il se réjouissait que sa présence soit ignorée. Il se souvenait de rares occasions où il avait été surpris et chassé. Il détestait quand ceux qu'il épiait se donnaient en spectacle pour lui. Cela faussait son plaisir.
Le garçon retira les ballerines de la fille. Un rire étouffé et un gémissement suivirent. Le garçon se montra jaloux, accusant la fille d'avoir été regardée par un autre homme dans le métro. Fernand, excité par cette scène de jalousie, écoutait attentivement. La fille essayait de rassurer son partenaire, mais celui-ci menaçait de la punir s'il découvrait qu'elle avait des pensées coupables.
Le garçon poussa la fille sur le lit et se coucha sur elle. Des bruits de succion et des murmures en arabe remplissaient l'air. Fernand, aveuglé par sa myopie, se contentait des sons qui l'excitaient. Il passa la main entre les rideaux pour entrevoir la scène : le garçon sur le dos, la fille à califourchon sur lui, le suçant passionnément.
Fernand, avec son ouïe aiguisée, perçut chaque détail. Le garçon haletait, demandant à la fille si elle aimait sa queue. La scène, pudique à certains égards, était obscène pour Fernand. Il sentait presque les mains de la fille sur son propre sexe, imaginant la pression de ses lèvres sur son gland.
Le garçon, jaloux, menaçait de punir la fille avec un cactus si elle le trompait. Fernand, au comble de l'excitation, imaginait cette punition. La fille, prise de peur, se laissa pénétrer, se mouvant sur le corps de son partenaire. Fernand, à l'écoute de leurs jouissements, atteignit son propre orgasme en silence.
Après un moment d'extase, Fernand écouta la conversation du couple. La fille exprimait son désir d'être déshabillée et aimée dans le parc de Belleville. Le garçon, amusé, appréciait l'idée de la voir voilée et de la dévoiler. Fernand, satisfait, s'éloigna vers le canal, ressentant le besoin de marcher après l'amour.
Fernand, bien que souvent solitaire, trouvait une certaine satisfaction dans ses obsessions secrètes. Il continuait de vivre entre ses passions pour les échecs, l'accordage de pianos et ses observations clandestines. Chaque rencontre était une nouvelle aventure, une exploration des limites de la passion humaine, vécue à travers les yeux et les oreilles d'un homme invisible.