Point P : pourquoi l'orgasme prostatique est-il encore tabou ?

S'il ouvre le champ de la jouissance à des sensations inédites (on le dit plus long et plus intense), l'orgasme prostatique s'entoure pourtant encore de tabous.

Pour beaucoup d'hommes, mais aussi de femmes, la prostate est synonyme d'examen médical, de cancer, d’adénome, de troubles urinaires… On ne s'y intéresse qu'à partir de 50 ans pour des questions de santé. Pourtant, cet organe sexuel masculin est à l’origine d’orgasmes d’un autre genre. Plus intenses, plus puissants, plus longs, disent les hommes qui ont essayé.

La prostate, un organe mystérieux

La prostate est une glande génitale masculine, de la taille d’une châtaigne, située sous la vessie. Un détail important, car contrairement aux idées reçues, les organes sexuels ne sont pas tous externes chez l’homme et internes chez la femme. La prostate est un organe masculin qui est interne !

Elle se situe directement sous la vessie, « tel un réacteur sous une aile d’A380 » schématise Patrick Papazian dans son livre Prostate, l’organe mystérieux qui vous veut du bien, éd. de l'Opportun. « La prostate est confortablement nichée en avant de l’ampoule rectale et en arrière du pubis » poursuit-il.

La prostate joue un rôle dans le système reproducteur masculin où elle sécrète et stocke une partie du liquide séminal (constituant du sperme). Elle produit également le liquide prostatique, qui a pour fonctions de favoriser la survie des spermatozoïdes lors de leur progression au sein de l’acidité vaginale et empêcher la coagulation du sperme. Mais la prostate joue également un rôle dans le plaisir sexuel. Lors de l’éjaculation, la « zone » prostatique est stimulée de façon agréable. Certains hommes parviennent (en se concentrant sur leur corps) à ressentir ce plaisir « intérieur » dans différentes régions.

Comment stimuler la prostate ?

C’est pour cette raison que stimuler la prostate prend tout son intérêt : on ne fait qu’augmenter le plaisir. Très bien, mais comment faire pour la stimuler ?

La question du massage prostatique (ou mettre un doigt dans l’anus) n’est pas toujours évidente à aborder. Sans aller jusqu’à la pénétration, Il existe d’autres façons de titiller la prostate, comme le révèlent le Docteur Papazian et Edouard Klein dans leur ouvrage.

La première consiste à se concentrer sur les sensations et différentes zones stimulées pendant l’éjaculation, dont la prostate. Deuxième méthode : caresser avec un minimum de pression le périnée, zone située entre les bourses et la verge, que les auteurs décrivent comme la porte des sensations prostatiques. Une stimulation externe qui serait encore plus agréable lorsque l’homme est en érection.

Enfin, dernière méthode et pas des moindres pour stimuler le point P : la pénétration.

Point P : comment atteindre l’orgasme prostatique ?

Avant de pénétrer, le massage externe du périnée s’impose dans tous les cas. « Quant au massage de l’anus, il se fait telles des caresses sur le clitoris, par des mouvements rythmés, circulaires sans heurter la muqueuse, en appuyant légèrement » explique Nathalie Giraud-Desforges, sexologue.

L’insertion du doigt, (avec des ongles coupés courts), se fait une fois que le canal du sphincter est relâché. Autrement cela peut faire mal. Afin de ne provoquer aucune douleur ni irritation, mieux vaut utiliser un lubrifiant.

Une fois à l’intérieur, la prostate se situe au bout de vos doigts, sur la paroi antérieure (côté nombril). Elle se repère facilement : on sent une petite bosse molle. « Le massage peut commencer avec de très petits mouvements de va et vient, et ce, dans la lenteur. Car si vous avez un train à prendre, mieux vaut attendre et reporter la session… » écrit la sexologue.

Si vous ne voulez pas utiliser vos doigts, ou si vous êtes un homme qui préfère pratiquer en solitaire, les masseurs prostatiques se révèlent une bonne alternative

Dans un couple hétérosexuel, le pegging (ou chevillage) peut également mener à l’orgasme prostatique. Encore très taboue, cette pratique consiste pour une femme à pénétrer son partenaire masculin. Une étape supérieure donc, pour une société qui associe encore la sodomie aux rapports gays.

« Touche pas à mon anus » : le plaisir prostatique, un point tabou

Au-delà du pegging, la pénétration anale (avec un sextoy ou avec les doigts) s’entoure encore de nombreux tabous, notamment chez les hommes hétérosexuels. Seulement 22% des femmes ont déjà inséré un doigt dans l’anus de leur partenaire : une pratique occasionnelle pour 9% d’entre elles, régulière pour 2% chiffres Elle/IFOP 2019). Alors, pourquoi de telles réticences ? « Parce que « touche pas à mon anus ». C’est l’idée d’un pouvoir centré sur le phallus. Un homme qui pénètre et qui a un pénis qui peut pénétrer est un homme puissant. Un homme qui a un pénis mou, au repos, et qui se laisse pénétrer serait un homme impuissant » déplore Nathalie Giraud. Parmi les raisons évoquées sur ce tabou revient très souvent aussi l’orientation sexuelle.

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